Le suivi de grossesse interrogent beaucoup de femmes. Son intérêt, ses modalités, les bilans et les échographies à faire et de leur dangerosité. Essai de réponse
Vous êtes enfin enceinte et vous vous demandez sil faut se faire suivre par une sage femme, un généraliste ou un spécialiste, et les modalités de ce suivi. Pourquoi certains ne font aucune échographie alors que d’autres vont chaque mois chez leur gynéco. La grossesse n’étant pas une maladie, pas forcement besoin de se faire suivre.
Mais il y a des grossesses qui peuvent se compliquer. Il n’ y a pas si longtemps encore, on disait encore LMRA HAMLA, RJEL FE DOUNIA OU RJEL FLAKHRA. Heureusement que la multiplication des suivis de grossesse et la médicalisation de l’accouchement ont permis la réduction de la mortalité maternelle. Cette dernière reste un indicateur du développement sanitaire d’un pays.
La loi au Maroc oblige au moins trois consultations prénatales (au minimum 7 en France et 3 échographies). Mais rien ne vous est vraiment imposé. Beaucoup de femmes se présentent encore de nos jours à l’hôpital pour accouchement sans bilan et sans aucun suivi ou minime. Ce n’est pas tant un problème d’argent que d’ignorance et d’inconscience.
D’abord il faut dire qu’en cas de maladie chronique il est très important de consulter avant de tomber enceinte. le suivi de la grossesse est fondamental car c’est une grossesse à haut risque (GHR) . Pour adapter les traitements et voir s’il n’y a pas de contre-indications à la grossesse. Celle si peut malheureusement être dangereuse, voire mortelle. Notamment en cas de diabète pour s’assurer qu’il est équilibré, ou encore en cas d’hypertension artérielle ou de cardiopathie . Pour traiter une éventuelle anémie. Donner une supplémentations en vitamines notamment l’acide folique qui diminue le risque de malformations. Mais aussi pour toutes autres maladies chroniques.
Une fois le retard de règle avéré, il est fondamental de faire une échographie précoce pour confirmer la grossesse, son siège intra utérin, son évolutivité mais surtout la date de grossesse dont la mesure à l’écho permet seule de préciser, avec le moins d’erreurs, la date de conception. L’écho est beaucoup plus fiable que la date des dernières règles, ou bien quand on ne s’en rappelle pas. Cette datation de la grossesse est fondamentale pour savoir éviter un dépassement de terme. Mais aussi pour pouvoir juger par la suite si le bébé se développe bien ou non. Par commodité, on parle de semaines d’aménorrhées (SA) soit à partir de la date des dernières règles (DDR) corrigée par l’écho éventuellement, ou la date d’ovulation moins 2 semaines.
C’est le moment ou le praticien va demander le bilan habituel de grossesse pour éliminer un diabète, une anémie, un risque infectieux. Il prescrira de l’acide folique, bien qu’il aurait fallu le faire dès avant la conception. Sachez que même en France, les 2/3 des femmes ne prennent ces vitamines que tardivement après le 2er mois de grossesse. Il va aussi en profiter pour traiter les petits maux de la grossesse, qui rendent le 1er trimestre si difficile (vomissements, éructations, acidité….)
Si la femme n’a pas suivi le début de sa grossesse, il est important de le faire entre 11 et 14 SA. Le médecin pratiquera une échographie qui datera la grossesse et vérifiera que les grandes lignes du bébé se sont bien formé. Il éliminera une malformation majeure (tète et ventre bien fermés, cœur et membres en place..). Il mesure également la clarté nuchale. C’est l’épaisseur des parties molles de la nuque qui rentre dans le calcul de risque de la trisomie 21. Mais elle augmente est aussi dans certaines malformations.
Le 3ème examen se fait entre 20 et 25 SA. Le praticien s’assure du développement harmonieux de la grossesse et de l’absence de troubles particuliers. Notamment pas de saignements ni de troubles urinaires, d’une tension artérielle normale, de la perception des mouvements du fœtus. Il pratiquera ou prescrira une échographie morphologique à faire par un spécialiste diplômé et formé à l’étude de chacun des organes du fœtus. Le but est d’essayer de s’assurer de la croissance harmonieuse du bébé et de sa normalité. Car même le meilleur échographiste ne peut jamais être sur à 100%.
La 4 ème visite se fait vers le 7 ème mois (30-34 sa) . Elle vise à évaluer l’absence d’anomalies et la croissance harmonieuse du bébé. On vérifie aussi l’absence d’anémie, de diabète, d’hypertension artérielle, de signes infectieux. L’échographie cherche encore à éliminer une malformation passée inaperçue, mais surtout la croissance normale du fœtus. Elle précise aussi la localisation du placenta et sa normalité.
La dernière visite se fait vers 36-37 SA, au début du 9 ème mois. Pour vérifier les bilans biologiques,dépister et traiter une anémie fréquente. Evaluer la présentation. Voir si les dimensions du bassin sont compatibles avec celles du bébé pour un accouchement par voie basse. Enfin pour décider d’une césarienne au besoin. On fixe alors la date prévue d’accouchement vers 40 SA et les modalités de celui-ci. La parturiente est invitée à se rendre la ou elle va accoucher si elle perd les eaux, ou à l’émission du bouchon muqueux (pertes brunes- rouges) et à l’apparition de contractions douloureuses permanentes
Si la dame dépasse 41 SA ou si elle ne sent plus bien le bébé bouger, il faut quelle consulte rapidement le professionnel qui la prend en charge.
Un suivi de grossesse normale peut se faire au minimum à ce rythme là. La patiente choisi son praticien, pas nécessairement un gynécologue obstétricien ou son généraliste privé. Le suivi peut se faire en centre de santé ou une maison d’accouchement par une sage femme. Maintenant beaucoup de femmes sont stressées et/ou pressées de revoir la bouille de leur bébé. Elles vont alors régulièrement en consultation pour faire une échographie chaque mois, sans aucun danger. Juste pour se rassurer que tout va bien.
Mais en cas de GHR ou de grossesse multiple, il vaut mieux faire son suivi au moins une fois par mois chez un spécialiste.
C’est le meilleur moyen d’éviter une issue défavorable pour le bébé ou pour la mère.
Dr Hicham BEN ABBES TAARJI



