
La vaccination anti HPV concerne aussi les garçons, pas que les filles !!.
Environ 6300 cancers dus au HPV (Human Papillomavirus) sont dépistés chaque année en France, les 2/3 chez la femme. Le HPV est actuellement responsable d’environ 2 % des cancers incidents.
Jusqu’en 2018, le dépistage des lésions cervicales était majoritairement fait sur des frottis. Il était pratiqué de manière opportuniste, à l’origine de grandes disparités. C’est ainsi que plus de 50 % des femmes ne le faisaient pas assez souvent, alors que plus de 40 % le faisaient à intervalles plus courts que ce qui était préconisé. Cette situation a amené les autorités de santé à décider, en 2018, de la généralisation du dépistage organisé, avec, depuis 2019 un test HPV et non plus le frottis à partir de 30 ans.
Pour F. Vié le Sage, le dépistage a actuellement atteint son maximum d’efficacité, et il est donc encore nécessaire de continuer à associer dépistage et vaccin.
Une efficacité démontrée contre le cancer du col de l’utérus
Le vaccin HPV a maintenant prouvé son efficacité sur le cancer du col. Une étude réalisée en 2020 (1) montrait une efficacité de 88 % contre le cancer du col, quand la vaccination est pratiquée avant 17 ans. Elle reste non négligeable, de 53 %, quand elle est réalisée entre 17 et 30 ans.
Cela indique qu’il faut vacciner tôt, mais que, si ce n’est pas le cas, les rattrapages gardent une certaine efficacité. Notons aussi qu’un taux élevé d’anticorps neutralisants persiste longtemps, en plateau, ce qui laisse présager d’une protection à long terme.
En Europe, les taux de couverture vaccinale sont variables et très dépendants des programmes de vaccination et de leurs modalités d’application. Certains facteurs sont associés à des couvertures élevées : programmes structurés et gratuits (système d’invitations), accès facilité à la vaccination comme la disponibilité des vaccins sur les sites de vaccination ou la vaccination scolaire.
En France, le vaccin était disponible en 2007, sous la forme de vaccin bivalent ou quadrivalent, puis en 2017 sous la forme nonavalente. La recommandation d’une vaccination universelle aux filles et garçons n’a toutefois été obtenue que 14 ans après, en 2021 (dès 2011 aux USA et 2013 en Australie !). Depuis, l’on observe en France une augmentation continue de la couverture vaccinale, mais qui ne dépasse pas 50 % actuellement pour 1 dose. Pour obtenir un effet collectif, il faudrait dépasser les 60-70 % de couverture vaccinale.
F. Vié le Sage signale que la couverture vaccinale contre le HPV a bénéficié d’un impact indirect de l’obligation vaccinale instaurée en 2018 : le vaccin contre le HPV n’était pas concerné par cette obligation vaccinale, mais l’amélioration globale de l’image des vaccins qu’elle a favorisée a permis de poursuivre la hausse de la couverture vaccinale contre le HPV.
Pourquoi la vaccination anti HPV aussi pour les garçons ?
La vaccination des garçons contre le HPV présente plusieurs intérêts. Il permet d’améliorer la couverture vaccinale et l’efficacité collective, mais aussi de réduire l’incidence du cancer oropharyngé. Jusqu’alors très majoritairement associé au tabac, 1 cancer oropharyngé sur 3 est actuellement lié à l’HPV. Aux Etats-Unis, il y a plus de cancers oropharyngés HPV dépendants que de cancers du col de l’utérus.
L’incidence du cancer oro-pharyngé est 4 à 5 fois plus élevée chez l’homme que chez la femme. Il n’y a pas de dépistage possible, car il n’a pas été identifié de lésions précancéreuses comme celles présentes dans le cas du cancer du col de l’utérus.
En comparaison du nombre de cancer du col de l’utérus ayant bénéficié du dépistage, les autres cancers HPV dépendants sont plus nombreux. Survenant chez l’homme et la femme (oropharynx, vulve, anus), ils ne bénéficient pas de dépistage, ce qui justifie la vaccination universelle. Certaines spécificités des infections HPV chez l’homme plaident aussi en faveur de la vaccination des garçons. La sensibilité aux infections est plus élevée. Les infections sont plus fréquentes et durent plus longtemps (clairance plus rare). La probabilité de séroconversion est inférieure. Enfin les anticorps naturels sont moins protecteurs. Par ailleurs, les travaux ont montré un impact plus important de la vaccination anti HPV « mixte garçons et filles » sur la circulation des HPV chez les jeunes filles, par effet collectif.
Quid du rattrapage et du nombre de doses ?
Les recommandations françaises sont de vacciner de 11 à 15 ans, avec un rattrapage jusqu’à 19 ans. F. Vié le Sage rappelle toutefois que, si la prévalence des HPV oncogènes est de 23 % chez les moins de 25 ans, elle reste à 14 % après. Les études montrent une efficacité vaccinale de 88 % chez les personnes de 24 à 45 ans.
Ces chiffres plaideraient donc en faveur du rattrapage pour les plus de 25 ans qui n’ont pas été vaccinées. Une réunion du groupe consultatif stratégique d’experts en vaccination de l’OMS (SAGE) ouvre la possibilité de vaccination par une seule dose.
Il est urgent que toute la planète puisse bénéficier d’au moins une dose de vaccin. Mais les données ne permettent pas pour le moment de soutenir une telle stratégie au niveau de la France.
Pour terminer, F. Vié le Sage signale la vidéo Youtube(2) réalisée par l’association de patients « Imagyn ». Elle vise à parler d’HPV aux adolescents. Le site Stop HPV Isère(3) qui contient de nombreuses informations pour les médecins et les patients.
- Lei J. et al. : HPV Vaccination and the Risk of Invasive Cervical Cancer. N Engl J Med. 2020 Oct 1;383(14):1340-1348.
Dr Roseline Péluchon
Publié le 22/06/2022 sur Jim.fr
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