Votre médecin vient de vous annoncer que vous avez des polypes dans l’utérus. C’est la fin du monde et vous avez peur de mourir de suite.
C’est grave, docteur ? késako ?Remettons les choses à leur place.
Le polype est une excroissance de la muqueuse endométriale (le tissu qui tapisse l’utérus et dont la chute menstruelle entraîne les règles, qui meure et repousse chaque mois) et qui s’est développé tout seul. C’est une pseudo tumeur fréquente chez la femme en période d’activité génitale, surtout après 40 ans avec la périménopause qui entraîne souvent un déséquilibre de sécrétion d’œstrogène par rapport à celle de progestérone (hyperoestrogénie ou insuffisance lutéale), mais on peut le voir à tout âge, soit chez la jeune fille ou jeune femme, ou encore après la ménopause.
Ce polype, qui peut être unique ou multiple, de différentes tailles, qui peut carrément sortir à travers le col utérin dans le vagin, voire même jusqu’à la vulve, va souvent donner des saignements abondants (règles fortes et durant plus de 8 jours = ménorragies) voire même parfois des saignements incontrôlés durant tout le cycle quand il y en a beaucoup. Il peut aussi être cause d’infertilité surtout s’il est gros ou multiple. S’il ne dérange pas par des saignements abondants ou une infertilité, il ne faut pas s’inquiéter et on peut l’oublier s’il est asymptomatique. S’il est extériorisé, on peut l’enlever simplement en le tournant sur lui-même (bistournage).
Le diagnostic est fait à l’échographie endovaginale, de préférence juste après les règles ou encore mieux à l’hystérosonographie (échographie avec injection de sérum physiologique pour augmenter le contraste), ou visualisé à l’hystéroscopie (caméra introduite dans la cavité utérine). Cette hystéroscopie permet également de l’enlever chirurgicalement et de s’assurer que c’est bien un polype bénin et non un cancer de l’endomètre débutant, surtout en ménopause mais aussi dès la périménopause. Car après la ménopause, on a toujours peur du cancer, même s’il existe beaucoup d’autres causes de saignement post ménopausique et en premier lieu la minceur extrême (atrophie) du tissu qui n’est plus nourri après l’arrêt définitif du cycle menstruel et l’arrêt des secrétions des hormones œstrogènes . L’endomètre de la femme ménopausée doit diminuer de taille et mesurer à l’échographie moins de 5 mm (ou 8 mm sous traitement hormonal). S’il est épais en ménopause, il faut absolument l’explorer par une hystéroscopie avec biopsie, à défaut par un curetage biopsique voire une ablation de la matrice pour éliminer l’existence d’un cancer de l’endomètre heureusement rare en fréquence.
Un examen gynécologique permet également de vérifier l’intégrité du col utérin et de faire un frottis cervico vaginal de dépistage du cancer du col, qui reste le 2ème cancer de la femme au Maroc malgré le dépistage qui est encore insuffisamment fait par notre population pas toujours sensibilisée.
Pour finir rappelez-vous qu’un polype asymptomatique ne doit pas inquiéter, mais tout saignement inexpliqué, surtout chez la femme ménopausée doit rapidement faire consulter.



