RESTAURATION ET ESTHÉTIQUE GÉNITALE, QUELLE DIFFÉRENCE ? La restauration génitale, qui englobe l’esthétique, est beaucoup plus large dans ses indications. Elle vise à rétablir le fonctionnement normal de l’appareil génital externe. A la différence de l’esthétique gynécologique en vogue ces dernières années essentiellement à la demande de patientes.
Cet article, une fois n’est pas coutume, n’est pas destiné juste au grand public mais aussi à toute la communauté médicale pour les informer sur cette nouvelle sous spécialité de la gynécologie obstétrique.
Il y a quelques années, un appel d’une patiente inconnue m’a interpellé. Est-ce que je faisais du laser vaginal ? Interloqué, je me suis demandé quelle était cette nouvelle mode. J’ai découvert toute une nouvelle branche médicale faite par des non gynéco, souvent dans un but esthétique. Puis je me suis documenté et parti me former. J’ai découvert que la restauration génitale ne concerne pas juste le coté cosmétique. Mais surtout la réparation et la restauration de l’appareil génital dans son ensemble. Ce dernier est agressé dans sa fonction non seulement par la ménopause mais aussi par l’accouchement, les maladies et d’autres traumatismes. La psyché influe constamment sur la perception de notre corps et joue un rôle aussi dans notre perception de l organe génital.
La restauration génitale et l’esthétique sont tout un ensemble de moyens médicaux et technologiques mis à la disposition des praticiens pour restaurer la fonction génitale. Ce mot diffère du mot réjuvénation car on ne rajeuni pas la vulve et le vagin. On les répare et on leur redonne un fonctionnement le plus proche possible de la normale suite aux traumatismes. On a tendance à l’oublier mais avec l’allongement de l’espérance de vie, les femmes vont passer plus du tiers de leur vie en ménopause. Cette période de la vie s’accompagne d’un assèchement des secrétions hormonales en œstrogènes et progestérone. Ces hormones non seulement régulaient son cycle menstruel, mais intervenaient directement sur la trophicité de la peau, de l’os, du cœur, de la vessie et de beaucoup d’autres métabolismes. Avec comme conséquences les différents troubles qui apparaissent après la ménopause : sécheresse vulvo-vaginale, troubles urinaires, douleurs ….
Mais en fait, la restauration et l’esthétique génitale ne s’adressent pas seulement qu’aux femmes ménopausées. Son domaine d’intervention est beaucoup plus vaste. De la dame ayant des douleurs post accouchement à celle qui a un périnée abîmé. A celle qui souffre de troubles urinaires ou de sécheresse vaginale. En passant par celle qui se plaint de descente d’organe ou encore de baisse de la libido ou encore de douleurs vives empêchant un rapport (dyspareunie), voire de vaginisme.
Il ne s’agit pas juste de répondre à une demande esthétique de celles qui regardent leur appareil génital avec un miroir (ou plutôt leur smartphone). Mais à la douleur de celles qui souffrent d’une dysfonction de leur anatomie et de sa physiologie, voire qui lui cause un problème psychologique.
La première arme du médecin est l’ECOUTE de la patiente, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. Souvent quand on ne connait pas ou si l’on est pressé, on entend mais on ne perçoit pas réellement les plaintes de la patiente. On lui répond alors que ça se passe dans sa tête car on n’a pas trouvé d’explications évidentes, notamment en cas de douleurs.
La deuxième arme passe par un examen clinique minutieux afin de repérer les petites lésions minuscules. Bien déplisser les muqueuses pour révéler les zones presque invisibles mais douloureuses au toucher. Rechercher les points gâchettes musculaires révélant des nœuds musculaires. Vérifier la trophicité des tissus….Les examens para cliniques sont à demander selon chaque cas.
L’arsenal thérapeutique de la restauration et de l’esthétique génitale est très vaste mais doit être adapté au bon diagnostic.
En 1er lieu l’apport d’œstrogènes locaux et de lactobacilles comme dans un vagin normal. Ceux-ci n’ont pas de contres indications même en cas de cancer du sein.
Mais aussi les fillers comme l’acide hyaluronique (AH) et le PRP qui permettent d’injecter des produits hydratants et des facteurs de croissance dans les tissus asséchés et abîmés. Le lipofilling à la graisse est très utile pour redonner du galbe et du volume, de même que l’AH.
Les lasers initialement utilisés pour leur effet thermique destructeurs, ont aussi des effets non destructeurs. Certains modes ne font que chauffer les tissus afin de provoquer une inflammation bénéfique pour la revascularisation des tissus et la rétraction du collagène. Ces lasers, comme la radio fréquence peuvent alors être utilisés pour traiter le relâchement vaginal et les prolapsus (descente d’organe) débutants. Mais attention au mauvais réglage !!
La photobiomodulation ou miltathérapie est un laser de faible intensité avec une action oxygénante cellulaire et tissulaire. Ses effets sont antalgiques, anti inflammatoires et cicatrisant. On l’utilise aussi en association avec toutes les autres méthodes vu son action potentialisant et l’absence d’effets secondaires.
La chirurgie reste aussi une arme utile pour reconstruire des périnées détruits par un ou plusieurs accouchements délabrant, remonter une descente d’organe ou traiter une incontinence urinaire après inefficacité des médicaments, et bien sûr pour les plasties vulvaires.
Parlons justement d’esthétique génitale. Avec l’avènement des réseaux sociaux, de nouveaux critères de beauté se sont installés. Si l’on parlait avant de Face Lifting, de plus en plus de personnes recherchent un Sex Lifting. On ne se contente plus de regarder sa vulve avec un miroir. On se la prend en photo et on se la partage entre amies. Je ne parle pas seulement de la jeune femme psychologiquement traumatisée par l’aspect de sa vulve (le Camel Toe). Mais celles sans problèmes particuliers qui, dérangée par l’aspect de leur vulve, décident de s’injecter les grandes lèvres avec de l’acide hyaluronique ou de la graisse, ou d’avoir des nymphoplasties de réduction (plastie chirurgicale des petites lèvres). Toutes ces dérives ne sont pas forcément sans danger. Il faut bien réfléchir, peut être voir un psychologue, avant d’aller vers ce type d’interventions.
Dans ce but, je vous informe de la naissance d’une nouvelle société savante. La SOMREG ou Société Marocaine de Restauration et d’Esthétique Génitale. Tous les médecins formés ou désireux de se former dans ce domaine particulier sont les bienvenus. Elle ne concerne pas seulement l’esthétique mais surtout le rétablissement de la fonction normale de la vulve et du périnée.
Au final, il faut faire attention à la mode actuelle de l’esthétique gynécologique. Elle répond certes à une demande exponentielle de patientes souffrant de voir leur sexe pas beau à leur gout. Mais les actes pratiqués peuvent être potentiellement dangereux. La restauration et l’esthétique génitale peuvent répondre à cette demande. A condition d’être faite par des médecins formés à cela (gynécologues, plasticiens, dermatologues, médecins esthétiques….). Éventuellement après évaluation psychologique de ce besoin.